Comprendre l’alimentation émotionnelle : Un voyage au cœur de notre biologie

Article rédigé par Anne-Christine DUSS – Nutritionniste, Genève

Découvrez les mécanismes biologiques qui sous-tendent notre relation complexe avec la nourriture et les émotions.

Dans notre monde moderne, il est devenu courant de recourir à la nourriture pour apaiser nos émotions. Que ce soit le stress au travail, les contrariétés personnelles ou simplement une envie de réconfort, la nourriture semble souvent être notre refuge. Mais pourquoi ce lien profond entre nos émotions et notre alimentation ? Dans cet article, nous explorerons les racines biologiques de l’alimentation émotionnelle, jetant un éclairage nouveau sur cette relation complexe entre notre cerveau, nos émotions et nos habitudes alimentaires.

Une brève histoire de l’addiction

Les origines historiques du terme “addiction” et son évolution vers une compréhension moderne.

L’alimentation émotionnelle est souvent comparée à une forme d’addiction, où la nourriture devient un réconfort pour apaiser nos émotions. En remontant aux origines du terme “addiction”, nous découvrons son lien avec l’esclavage dans la Rome antique, soulignant ainsi la perte d’indépendance et de liberté associée à la dépendance. À travers les siècles, notre compréhension de l’addiction a évolué, passant d’une vision de comportement délinquant à celle d’une véritable pathologie. Cette évolution nous permet de mieux comprendre comment notre cerveau réagit face à la nourriture et aux émotions et de mieux traiter les personnes “Addict”.

Le rôle du système de récompense

Les circuits neuronaux qui régulent nos sensations de plaisir et de satisfaction.

Au cœur de l’alimentation émotionnelle se trouve le système de récompense* de notre cerveau. Ces circuits neuronaux sont responsables de la régulation de nos sensations de plaisir et de satisfaction, jouant un rôle essentiel dans notre bien-être émotionnel. En comprenant le fonctionnement de ce système, nous pouvons mieux appréhender pourquoi nous sommes attirés par certains aliments en période de stress ou d’émotions intenses.

Lorsque nous sommes exposés à des stimuli agréables, tels que la nourriture savoureuse, notre système de récompense entre en action. L’aire tegmentale ventrale (ATV), située dans le mésencéphale, est l’une des principales régions impliquées dans ce processus. Elle reçoit des signaux provenant de différentes parties du cerveau, notamment du cortex préfrontal, impliqué dans la prise de décision et la planification, et de l’amygdale, qui traite les émotions.

La dopamine

Le neurotransmetteur du plaisir et son rôle dans notre relation avec la nourriture.

Lorsque nous anticipons ou expérimentons un aliment gratifiant ou savoureux, l’ATV libère de la dopamine (souvent appelée le neurotransmetteur du plaisir, car elle est associée à des sensations de bien-être et de satisfaction). Le noyau accumbens, une autre région clé du système de récompense, est particulièrement réceptif à la dopamine. Lorsque cette substance chimique est libérée dans le noyau accumbens, elle renforce les connexions neuronales associées au comportement qui a déclenché la libération de dopamine, renforçant ainsi notre motivation à répéter ce comportement.

Certains aliments sont plus propices d’activer ce neurotransmetteur du plaisir. Lorsque nous savourons des aliments riches en sucre ou en matières grasses, notre cerveau libère de la dopamine. Cette libération crée une sensation de bien-être et renforce notre lien émotionnel avec la nourriture que nous consommons. Toutefois, une consommation excessive de ces aliments peut entraîner une dépendance, amplifiant ainsi nos habitudes alimentaires non adéquate à nos besoins biologiques.

Ce processus crée un cercle vicieux : plus nous sommes exposés à des expériences plaisantes, plus notre cerveau nous pousse à les rechercher. Ce mécanisme de récompense est particulièrement fort lorsqu’il s’agit d’aliments riches en sucres, en matières grasses et en calories, car ils déclenchent une libération significative de dopamine, renforçant ainsi notre inclination à rechercher ces aliments pour leur effet gratifiant.

La recherche de réconfort alimentaire en période de stress

En période de stress ou d’émotions intenses, notre système de récompense peut devenir hyperactif, exacerbant notre désir de trouver du réconfort dans la nourriture. Face à ces sentiments accablants, notre cerveau cherche une échappatoire rapide, et la nourriture devient souvent notre refuge.

Lorsque nous cédons à cette impulsion et consommons des aliments réconfortants, nous réactivons notre système de récompense, renforçant ainsi l’association entre nourriture et soulagement émotionnel. Cette réaction en chaîne crée un cycle difficile à briser, où nos émotions négatives sont temporairement apaisées par la consommation d’un aliment “doudou”.

L’impact sur notre bien-être

Les conséquences à long terme de l’alimentation émotionnelle sur notre santé physique et mentale.

Bien que la nourriture puisse offrir un soulagement temporaire, une alimentation émotionnelle excessive peut avoir des conséquences néfastes sur notre santé physique (par un déséquilibre alimentaire et une prise de poids) et mentale (par une dégradation de l’estime de soi).

Le premier pas est de reconnaitre ces schémas de comportement, puis de mettre en place des stratégies pour mieux gérer nos émotions. Ainsi, nous pouvons commencer à construire une relation plus saine avec la nourriture et notre bien-être global.

Cultiver une relation équilibrée entre nourriture et émotions

En comprenant les mécanismes biologiques sous-jacents à notre relation avec la nourriture et les émotions, il est possible de commencer à entreprendre des changements positifs dans nos habitudes alimentaires et émotionnelles.

C’est dans cette optique que le nutricoaching devient un outil précieux. Avec les thérapies mises en place à l’espace EQUINOXS® par Anne-Christine DUSS, nutritionniste fonctionnelle MCO (bientôt certifiée en neurosciences), vous pourrez bénéficier d’un accompagnement personnalisé pour mieux comprendre vos schémas de comportement alimentaire et émotionnel.

En travaillant sur la conscience de soi, la gestion du stress et des émotions, ainsi que sur une alimentation équilibrée et nourrissante, nous pouvons progressivement briser les cycles de l’alimentation émotionnelle. Le but est de cultiver une relation plus saine avec la nourriture et, par ricochet, d’aspirer à une vie plus épanouissante et équilibrée, où la nourriture n’est plus seulement un moyen de réconfort, mais essentiellement une source de vitalité et de joie.

Définition:

*Le système de récompense, également connu sous le nom de système limbique, est une partie fondamentale de notre cerveau responsable de réguler nos émotions et nos comportements liés au plaisir et à la récompense. Il est composé de plusieurs structures cérébrales interconnectées, notamment l’aire tegmentale ventrale (ATV) et le noyau accumbens.